Interview

Une femme au poste de Présidente, c’est une première semble-til au SPF Economie?

Non, absolument pas. L’INASTI est une institution de sécurité sociale avec des employés extrêmement attentionnés, motivés et enthousiastes sur lesquels une gestionnaire peut vraiment compter et s'appuyer. Lorsque je suis arrivée à l’INASTI en 2012, il y avait un énorme travail à faire pour préparer l’INASTI au 21ème siècle (numérisation, introduction de la nouvelle façon de travailler agile, passage d'une structure hiérarchique à une structure ouverte, plate et rapide, organisation en réseau, culture du leadership axé sur les personnes….). Je m'étais donnée le temps d'1 mandat (6 ans) pour voir les premiers résultats de ce changement, qui a merveilleusement réussi avec l'aide de tous les employés de l’INASTI. Leur engagement et les résultats obtenus m'ont convaincue d'entamer un deuxième mandat en 2018. Ensemble, nous sommes maintenant sur la bonne voie pour faire de l’INASTI une organisation agile prête à relever tous les défis du monde VUCA (Volatile – Incertain – Complexe – Ambigu). Grâce à cette flexibilité, l’INASTI a, entre autres, réussi à gérer la crise corona pour tous les entrepreneurs touchés qui ont dû fermer leur entreprise du jour au lendemain. Ce travail titanesque n'a été possible que grâce à l'engagement agile, la solidarité et le soutien de tous les collaborateurs. Je tiens également à les remercier expressément pour cela !

Quel message voudriez-vous faire passer sur votre expérience professionnelle ? Des conseils pour les femmes ?

La chaîne est aussi solide que son maillon le plus faible. Je crois fermement à la coopération de grande envergure et au travail d'équipe dans lequel l'engagement et la responsabilité de chaque employé sont cruciaux. Il est très important d'impliquer tout le monde dans ce processus (inclusion) et de déployer les talents et les compétences de chacun là où ils ont la plus grande valeur ajoutée (tant pour les employés eux-mêmes que pour l'organisation et les clients). Les valeurs qui devraient sous-tendre tout cela, en ce qui me concerne, sont la « confiance », le « respect » et la « dépendance mutuelle ». J'ai repris cette dernière valeur dans un livre de Stephen Covey : « La co-dépendance est notre paradigme : nous le faisons, nous pouvons travailler ensemble : si nous unissons nos forces, nous pouvons réaliser quelque chose de mieux. Les personnes dépendantes ont besoin des autres pour atteindre leurs objectifs. Les personnes indépendantes atteignent leurs objectifs par elles-mêmes. Les personnes ayant un sentiment de dépendance mutuelle bien développé permettent à leurs propres initiatives de fusionner avec celles des autres.' Je pense que c'est une valeur très forte que je tiens en haute estime chaque jour, j'ai besoin de tous les employés de l’inasti comme ils ont besoin de moi et je les traiterai comme j'aimerais être traitée moi-même.

Qu'avez-vous remarqué au cours de votre carrière ?

Au cours de ma riche carrière, j'ai traversé plusieurs eaux, j'ai été enseignante, j'ai été active dans le marketing et les ventes, j'ai représenté des intérêts, j'ai été lobbyiste et maintenant je suis enfin gestionnaire. J'ai toujours exercé toutes ces fonctions avec beaucoup de passion et d'enthousiasme et elles m'ont toutes apporté plus d'expériences. Un message que je veux certainement vous faire passer est que vous devez vous sentir bien dans votre peau dans chaque poste que vous occupez, si ce n'est pas le cas je ne peux que vous conseiller de rechercher un poste dont vous pouvez obtenir la satisfaction nécessaire.

Selon vous, quels sont les obstacles que les femmes doivent surmonter dans leur carrière professionnelle?

J'ai entraîné de nombreuses femmes au fil des ans et j'ai découvert qu'elles se plaçaient généralement au second plan, tant sur le plan professionnel que privé. En privé, elles trouvent important d'être là pour les enfants, leur famille et la gestion du ménage, ce qui signifie souvent qu'elles optent également pour une carrière professionnelle à temps partiel. Professionnellement, je constate qu'elles manquent souvent de confiance en elles et qu'elles se remettent aussi constamment en question voire se considèrent inférieures à leurs collègues masculins. Dans tous ces cas, les femmes elles-mêmes sont le plus grand obstacle à leur carrière. Quand mon fils était petit, je pensais moi-même souvent que je n'étais pas une bonne mère parce que j'étais trop peu présente pour lui. Cependant, il ne l'a jamais vécu de cette façon lui-même et il pense que cela l'a rendu beaucoup plus indépendant et plus fort, ce dont il porte désormais les fruits tant dans ses études que dans sa carrière professionnelle. En tout cas, ma carrière n'a pas fait de mal à ma famille, j'ai toujours une relation fantastique avec mon mari et mon fils.

Quelle est votre vision de la diversité?

Très positive, la diversité au travail ne peut qu'être enrichissante. Tout le monde est le bienvenu à l’INASTI. La semaine dernière, avec mon collègue Laurent Tenteniez, nous avons pris une photo avec notre drapeau arc-en-ciel (cfr. photo) pour soutenir une campagne interne.

Avez-vous des suggestions pour les activités de FELINK?

Les activités de réseautage et le coaching par les pairs me semblent être de très bons outils pour échanger des expériences, répondre aux questions et instaurer la confiance. C’est surtout ce dernier aspect dont les femmes ressentent grandement le manque.

Souhaitez -vous soutenir FELINK en tant que sponsor ou partenaire ?

Avec plaisir!